20090214

Le dual révélé (par le dual)

La veille alors que je m’étais endormi : mon esprit me promenait dans des contrées de sable et de cristaux d’argent, dans des dunes qui refluaient par vagues sur des siècles dans des échelles de temps où nous n’étions que des insectes, et qui engouffraient sous leur masse en changeant de forme des dédales d’espace pour en révéler d’autres.
Je me souvenais en rêve de ma rencontre avec les jumeaux primordiaux, mais je ne parvenais pas à déchiffrer de mémoire le sens caché de leur néolangage. C’était une phraséologie complexe et codée en mots courts imprononçables, qui contenaient tout entier des foules de paroles fracassés sans verbe ni complément.
Les jumeaux me parlaient depuis le fonds de ma mémoire, ils exprimaient clairement une pensée, mais aussi toutes les interprétations possibles de cette pensée en une seule locution. L’interprétation juste devait pouvoir anticiper les plus minces variations d’intonation dans leur voix, dans l’expression révélée de leurs visages, de leurs gestes et aussi de leur théâtre sacré. Les informations denses s’ajoutaient les unes aux autres à mesure que se déroulaient leurs verbes étranges et je réalisais que je n’avais plus le souffle ni la force nécessaire pour interpréter la quantité immense des informations qui m’étaient révélées.
Sur cette vague de sable qui se déroulait je cherchais alors déjà à reconstruire de mémoire ces échanges tentaculaires, et je sentais le vent du mouvement, moi immobile, m’accompagner depuis l’antérieur sur ce chemin interne.
Le rêve me construisait des souvenirs. Le rêve me révélait une nouvelle structure mentale. Il inventait pour moi toute une aire passée fictive mais qui semblait alors aussi vraie, aussi chargée, que celle qui me composait dans la réalité. C’était une alternative crédible : inventer des souvenirs était la profondeur du champs.
Se souvenir aussi vraiment de quelque chose qui n’existe pas. Un nouveau magma, onirique et cellulaire. Double capacité par cette faculté là.

Exhaustif absolu 3 (La voix)

Brûlant de fièvre et irradiant par tous les pores de ma peau une énergie insoutenable pris de tremblements et les mâchoires contractées, j’avançais sur les chemins de terre, reprenait la voix, avec pour seul bien un sac de toile sur le dos et un chapeau d’explorateur sur le crâne qui m’abriterait du soleil, et mon accoutrement étonnait de loin, je le voyais bien, et les cheveux que je nouais en natte sur le côté m’attiraient des regards curieux mais qui n’osaient pas s’attarder. La nuit, seul, je réalisais que j’étais suivi. Les disciples firent irruption, et le maître fit le diagnostic : j’avais la rage, dans les suites probables d’une chirurgie cornéenne. On confectionna une petite figurine sacrée à mon image et avec laquelle je devais dormir. On récupéra la figurine toute chargée de mon âme. Puis on se saisit d’un clou, que l’on planta au milieu de mon crâne, dans le bois. J’étais une statuette consacrée, et mon corps était mon outil, et mon esprit était cette magie sur laquelle je devais veiller.
J’étais le pouvoir du don qui devait être combattu par un autre don, mais j’étais ainsi très vite démuni. J’apprenais aussi le théâtre des anciens, et la danse qui avait ébloui les dieux des infra mondes, à tel point qu’ils avaient eux même l’impression de danser, et demandaient enfin à être tués afin de mourir et de ressusciter à leur tour mais ils se condamnaient.
Dans les réseaux virtuels, j’étais la théorie du complot et le catastrophisme imminent, et la résonance de la terre qui était de 7.8Hz depuis des milliers d’année se modifiait jusqu’à atteindre 12 Hz, et voilà pourquoi le temps s’accélérait.
Alors je ne parlais plus, et je cherchais la simultanéité et la liberté du temps en réalisant de véritables dessins d’enfant et tout se passait en même temps et tout près.
Plus loin, en sens inverse, à rebours vers le point de départ, lumière ô mon île. O mon île vite. Mon île à rêver. Mon île au large. Alors j’ai plongé, dit la voix. J’étais rentré.

Exhaustif absolu 2 (La voix)

J’étais une pierre homme à plonger au cœur du puits des choses, disait-elle encore, entre deux fontanelles à écouler sang, eau et invisibilité de la pensée en mots, blocs de matière et solitude.
J’étais dépourvu d’emballage. L’orifice vide du monde menaçait moi tout entier devant absence de réceptacle, et par là j’étais plein quand le vide se nourrissait du vide par gorgées de ténèbres et le contenu homme jetait sa chair au néant sans raison – simplicité incompréhensible. C’est ainsi que l’individu disparaît, par désassemblage et luttes d’attractions à mener par cœur : tout est réel, jusqu’à l’os.
J’étais l’ouvrier du drame devenu guide de voyage par un fait extraordinaire.
J’étais constamment en dehors de tout mais relié par la bouche et par la main à la parole et à l’écrit, prié de croire pour aujourd’hui à des proximités pour lesquelles je n’ouvrais pas les yeux et à des nombres qui n’avaient pas de bord, et à compter en nuits.
J’étais lanceur de dés contre celui qui ne pouvait pas perdre et quand eût pris tous mes biens j’y retournais et je perdais moi.
J’étais l’homme aux chiffres et le présent qui passait entre nous je le cotais et j’en faisais des angles d’apparences et je voyais beaucoup de choses sans pouvoir en parler.
J’étais une île, un silence. Parfois je sentais un souffle, comme une voix chuchotée dans la nuque. C’était du vent salé.
La lumière, la lumière. Ô mon île, vite.
Être en vie en vagues. Lumière ô mon île. Mon île à rêver. Vous mon agent secret.

Exhaustif absolu 1 (La voix)

Je flottais entre des concordances de temps mais je n’avais pas de temps, disait la voix.
Puis soudain j’étais le soufre, et la matière constituante du soufre. Au fond depuis les volcans j’étais l’abîme. J’étais gorgé d’une eau bleue turquoise et chargée d’acides. On me faisait sécher sur des rivages de profondeurs, et dans l’épaisse fumée irrespirable des petites mains fragmentaient mon corps en blocs à hisser jusqu’en haut du cratère. Machine bouche à hurler des algues lourdes ininterrompues en vagues à échouer aux pieds de nuits sans lune, machine main à manier la glaise et le vivant jusqu’à décomposition, j’étais la sueur qui recomposait mes partie et le liant, et arrivé en haut j’étais le cri. J’étais né au ciel- la voix continuait.
Au soir, j’étais la séparation des fleuves et des cours d’eau démaquillés de confluents en affluents, et j’étais leurs jeux mêlés sous la surface, dans le lit commun à trier des pépites et à mouvementer les alluvions.
A travers les murs du crâne j’étais les intervalles illuminées et immobiles, clignotants de vibrations de soleils et de lunes, dans de rugissants hivers. J’étais un guerrier aux mouvements de cosmos
J’étais le chantre du langage inverse, à jouer de nouvelles grammaires roulées sans demander rien à personne, avec l’intention d’enlever et de faire disparaître les couleurs, les formes, le volume, l’Espace et le Temps jusqu’à la nudité figure d’homme, mouvement de descente vers le sol des pas frappés où nous irions.
J’étais une séquence un jour par seconde de manière psychiatrique et la coupe du temps s’est remplie de matière humaine et de scènes intentionnelles à boire avant dissolution poussière.

Irrésolutions

Comme la rivière s’écoule aussi passe le temps
Et il est dans ce lit et l’après et l’avant
Comme l’eau retourne à l’eau le présent continue
A la surface des choses des vagues ingénues
Et dans la profondeur des forces d’alluvion
Des courants invisibles et des séparations
Mémoire de l’eau las la mélancolie l’aspire
Cet état qu’il craignait il ne peut que le fuir
Projeter son élan et ses sables mouvants
Chercher à consoler avec un contenant
Arrêter de penser enfin s’abandonner
A ses renoncements dont la raison s’est fait
Autant de lois amères qu’il faudrait respecter
Le rigide est la cause de toute sa liberté
Se fondre dans le décor consentir aux passions
Aimer tout de travers à sa propre façon
Corps flottant dans l’abîme de ses volontés propres
Il n’avait qu’une vie et s’en voulait une autre

20090210


Fin anticipée/ extase cut/prémonition 0 (exacte)

Extase
« sécrétions-messages »
C’est si bon
G. sait à quel

point c’est merveilleux

appliquer une sorte de
fixatif onirique aux rêves

le vertige m’envahit, puis les sueurs, d’autres sueurs

d’or et d’argent


Silencieusement ils acquiescent
rapprochés dans l’instant de tous leurs instants


éprouver une sorte de révélation

de savoir se toucher


plus que des vitesses et des lenteurs

destination idéale

les perceptions
écartent tout risque de confusion


Une voix approche
depuis ton plexus

L’onde vibratile se propage


elle a renversé sa robe sur mon épaule

RETOUR FRACASSANT
LA FIN DES TEMPS

est notre spécialité
-Ce n’est pas un secret.



FIN

Memoriam

"Daniel Tammet conjugue plusieurs talents. Né, comme l'indique son autobiographie, "un jour bleu" de 1979, ce Britannique a été capable de réciter par coeur 22 514 décimales du nombre pi après trois mois d'entraînement. Diagnostiqué comme atteint de la maladie d'Asperger, une forme légère d'autisme, lui aussi est synesthète. En plus de formes et de couleurs, les chiffres sont dotés pour lui de caractères particuliers : le 9 est "intimidant".
Les 10 000 premiers entiers ont ainsi une personnalité propre. Si on lui demande d'en multiplier deux, il se les représente l'un à côté de l'autre, et la solution apparaît entre eux, sans effort conscient de sa part. Ses dons s'étendent au royaume des mots : il maîtrise une dizaine de langues, dont l'islandais, appris en moins d'une semaine. "La ligne entre un profond talent et une profonde infirmité, estime-t-il dans un documentaire, est très fine."
Il est exceptionnel de vivre normalement avec une mémoire aussi envahissante. Kim Peek a besoin de l'assistance constante de son père. Certains hypermnésiques ne peuvent se débarrasser d'obsessions lancinantes, comme l'Américaine Jill Price, hantée par chaque détail de sa vie depuis l'âge de 14 ans. Les psychologues la décrivent comme "distinguant chaque arbre sans voir la forêt". Ce syndrome est plus qu'encombrant : le souvenir d'une dispute vécue il y a un quart de siècle est toujours aussi vif, blessant. Son tourment rejoint celui du héros d'une nouvelle de Jorge Luis Borges, Funes, qui compare sa mémoire "à un tas d'ordures". Pour éviter de nourrir sa voracité insondable, il s'enferme dans une chambre aux murs blancs."

Onirique absolu - Tentative d'explication 7

Un homme que je n’ai jamais vu jusque là s’approche de moi. Il est brun, il me sourit lui aussi sous une fine moustache. Je prends une bouteille d’eau, je paye et je retrouve Orion.
Mais cette eau que je bois au goulot a un goût amer, elle est chaude et ne saurait en aucun cas me désaltérer.
Nous faisons quelques pas mais c’est une soif immense maintenant qui me commande, et nous nous mettons à la recherche d’un autre comptoir.
Ici, me dit Orion.
Alors nous rentrons dans cette autre épicerie quelques centaines de mètres plus loin, mais c’est la même femme brune qui est encore en train de ranger les conserves, et le même homme qui s’approche de moi dans un sourire.
On sera partout où vous allez, me dit-il. Comme ça vous serez partout chez vous.
Une certaine idée de l’éternité.

Onirique absolu - Tentative d'explication 6

Je suis la liane et la racine, je suis les effets conjugués et le rite sacré, et mon corps est toujours quelque part dans une maison abandonnée, sur une colline oubliée, à trembler dans la nuit dans des volumes de temps allongés, et ce rêve n’a pas de fin. La plante fait son chemin. Je suis mon propre délire. Racines, puis tiges au ciel.
Je suis l’instant ultime où le temps est infini, le point le plus minuscule où l’espace n’a plus de limite.
Je suis dans l’appartement et les frontières du ciel s’abattent enfin.
Je suis en face aussi dans une chambre, dans l’hôpital, à regarder à l’intérieur depuis l’extérieur danser et vivre au dehors, à observer jalousement les faits et gestes de mes voisins dans leur intimité, depuis mon lit et caché dans l’obscurité, et je voudrais être lui, et mes yeux seraient clairs et mes cheveux tressés, ou bien je voudrais être elle, et mon corps serait tatoué et ma beauté diaphane serait intemporelle.
Je suis l’appartement et la colline et la maison oubliée. Je suis l’orage et le fracas. Je suis la lumière . Je suis un éblouissement, né du relargage phénoménal dans la circulation de la totalité des hormones qu’il me reste dans ces instants ultimes, les récepteurs neuronaux saturés et totalement débordés par l’intensité de la révélation.
Je suis l’abolition du temps, je n’ai pas de début ni plus de fin. Plus rien de ceci n’a d’importance. Le flux s’écoule. L’impalpable est à mordre ici. L’instant de tous les instants.
Le bonheur m’enivre. Je crie.
La lumière s’allume. On accoure. Ses yeux, sa voix. Reviens, reviens me dit-elle.
C’est un désastre, une catastrophe folle.
Le toit s’effondre et je suis englouti.

Onirique absolu - Tentative d'explication 5

Je suis la tumeur dans mon cerveau, et ce rêve éveillé est mon rêve, et ces hallucinations sont mes compositions : des jeux moléculaires. des secrétions messages, des grappes bien juteuses d’hormones indicatives.
Le corps étranger étend ses ramifications comme une plante dans la boîte crânienne et envahit tous les espaces. La plante étend ses racines et recompose le passé à rebours, et réinvente le présent par déduction.
Je suis cette forme autonome de vie psychique née de cellules en débordement.
L’expérience se nourrit d’elle même. Elle se prolonge.
Mes cellules ont su créer d’autres cellules. Je suis une forme en expansion.
Je suis dans votre esprit alors. Une certaine forme de réalité, qui s’est matérialisée. Un petit ganglion mental, issu de mon délire, comme mode d’adaptation au débordement qui me ronge, et qui saura grossir.
Un message physique transmis de synapse en synapse, un dérèglement moléculaire : du tangible.

Le visiteur des nuits répond à Elizabeth de Georges de Saint Val

Non,
Je ne pense plus a toi
Je n’a plus envie de mordre tes lèvres
Je ne veux plus t’arracher les yeux
Non
Je n’ai pas l’intention de lécher quoi que ce soit
Ton corps
A en decouvrir ta vraie peau
Non
Je ne te déteste pas
Ni pour ta jeunesse éternelle
Ni pour ta jouissance interminable
Penser à ton odeur ne me rends pas fou
La chaleur de ta langue ne me donne pas envie
Tes mains, tes cuisses, ton ventre brulant
Je m’en fiche
Non, je ne te désire pas
Vois tu
Pas du tout
Rien
Jamais

Elizabeth de Geoges de Saint Val répond au reflet d'une paire d'yeux dans le miroire aux émotions fortes

Vous m'entrainez en terrain glissant. Vous y pentrates a rebours. Je vous écris en trompe l'oeil: comme vous, ne rien dire pour être sûre d'être bien lue. Vous me parlez de souffle, et je me décompose. Comme vous pourtant j'ai le culte abondamment fourni. A l'heure où je vous écris il y a tant de personnes en moi. Là d'où je suis, où je vous vois, je revenais. Pourtant si vous saviez trouver les mots plutôt que de prétendre les avoir oubliés, j'accepterais de me retourner. Et alors de devenir cette autoroute par laquelle vous passeriez tous.

PS: qui rit est à moitié sous les draps roses

PS': sinon tant pis, vous ne tiendriez certainement pas la distance

Onirique absolu - Tentative d'explication 4

Orion, sur un coin de trottoir. Je m’approche.
Au dessus de nous clignote une enseigne lumineuse :
A REBOURS.
Il me propose de m’asseoir. Dans son regard il me semble percevoir une étrange lueur inquiétante. Rien qui ne saurait me rassurer étant donné l’état où je me trouve.
Dans la rue, au milieu de la circulation, il me parle alors à voix basse, et il me faut tendre l’oreille de peur de ne rien entendre.
Nous ne sommes pas là, nous sommes ailleurs.
Je m’efforce de comprendre.
Rien de tout cela n’est vrai, tu le sais n’est-ce pas ?
Je ne trouve rien à répondre.
Il me tend une gélule épaisse.
C’est une plante.

Onirique absolu - Tentative d'explication 3

La rue sous un soleil de plomb. Je ne veux pas être là, je ne veux pas avancer, mais une raison supérieure me pousse à continuer. Une tristesse inattendue me remplit soudain, un sentiment inquiétant de solitude qui me gorge le cœur. La lumière des feux de signalisation perpétue mon angoisse à chaque coin de rue. Comme un état qui répond à mon état. Ou autant de lampes à frotter. Faire un vœu alors.
Je pense à Orion. Je pense à une plante.
Mes doigts prolongent le trajet sur le mur. Y poser l’oreille. Sentir. Entendre. Des vibrations,du palpable, des tâtonnements jusqu’au fond des conduits internes. Ce monde projeté fouille dans mon cerveau. C’est le rêve d’une ville qui cherche. Autre, la ville rêve, et je suis l’écho qui se répercute sur les murs hauts de ses propres labyrinthes. Autre, nous sommes tous deux un autre rêve, un rêve d’ailleurs, une rémanence, et toutes les nuits sont la même nuit qui ne nous appartient pas.
Au coin je crois d’abord à une petite sculpture de moi, mais qui se verrait de loin. Non, c’est Orion. Je vacille.
La raison m’échappe, c’est chaleur dans le ventre, irradié depuis le noyau à toutes mes strates qui s’écoulent en lame de fond magnétique, lavées par pluie d’onde.
Dans la vieille bâtisse, sur la colline, le vent cinglant s’engouffre depuis les fenêtres effondrées, comme vagues successives à charrier dans ciel chargé ces torrents révélés profonds.
Se ressaisir. Sortir de cet état, sortir de tout comme d’un puits.

Onirique absolu - Tentative d'explication 2

Elle reprend sa place et s’approche à nouveau. Les évènements se répètent. Je ressens l’état de mon âme subissant l’action d’une autre âme. Je suis mon propre rêve, tout éveillé. S’endormir alors, et rêver encore. Mes gestes sont lents. Je frissonne. Je m’entoure d’une couverture pour me protéger du froid. Le vent bruisse doucement dans la colline. La vieille bâtisse de pierres écroulées nous abritte dans cette nuit immobile. Martienne se lève et fait le tour de nous en nous touchant du doigt le sommet du crâne. Les yeux de Célestine brillent grands ouverts dans l’obscurité comme ceux d’un chat.
Soudain, le plafond est ouvert en deux, ce n’est plus un toit, le ciel se répand, la pluie, l’orage, des litres d’une eau vieillie, la nuit étoilée dans la maison abandonnée, en haut de la colline.
Changement d'état.
Deux lumières changeantes. L’une s’approche, elle m’observe.
Ce que je vois, c’est une respiration, c’est un sentiment. Les couleurs et les formes des illuminations se succèdent. Panneaux modulés, des éclairages circulaires, puis des accélérations et des lenteurs hypnotiques. Une certaine forme de communication, d’un autre type. Il n’y a pas d’organe, rien de vrai, rien de palpable. Je cherche à définir ces formes, je cherche à deviner une composition de mon esprit. Ou un jeu d’optique.
La lumière de la lune, à travers les branchages, pénètrerait par la fenêtre et se réfléchirait sur le mur. Le mouvement du vent agiterait les feuilles et le reflet par ce filtre semblerait s’animer. Mais elles m’ont démontré leur substance, sans un mot, sans un bruit.

Des colonnes de lit supportent le ciel

Le plateau est vide.
Une explosion, quelque part au loin.
Une attente.
Une épaisse fumée blanche envahit l’espace, rapidement dissipée par un souffle extérieur à l’action.
Elle est immobile.
Elle a le pouvoir de le précéder.
Chaussettes, caleçon, il entre.


-Lui : Me voici tel que je suis.

-Elle : Le voilà tel qu’il est.

Doigt pointé sur lui. Rires, gorges déployée, voix du ventre, depuis l’orchestre.
HAHA !

-Lui : Je n’ai plus rien, plus d’apparat. Je suis là, je suis là, je suis enfin.

-Elle : Enfin.

-Lui : Ici c’est l’aire nue.

-Elle : Ah oui ?

-Lui : Attrape. (il enlève ses chaussettes et les lui lance)

-Elle : C’est formidable.

-Lui : C’est bien comme ça non ?

-Elle : Formidable . (elle baille)

-Lui : C’est bien ici, c’est grand…

-Elle : Ma peau…je frissonne.

-Lui : C’est au choix : froid/désir.

-Elle : Il n’y a pas de choix, c’est comme c’est. (Talon claqué sur sol, mouvement de tête affirmatif)

-Lui (vexé, mais n’y prêtant plus attention): Regarde, j’ai mis toutes mes particules.

-Elle : Eblouissant. (petit rire discret étouffé dans sa main)

-Lui : Je suis moi désormais, je suis celui de tous ceux qui ont été, je suis le potentiel à être aussi, ma propre histoire, ma propre direction , je ralentis l’énonciation, c’est ma volonté, je tords mon visage à chaque mot, une sensation particulière à inscrire, et encore une, faire bien passer le message : c’est moi ici là.

-Elle : Montre moi quel monstre tu es.

-Lui : Des colonnes de lit supportent le ciel, tout passe au dessus de nous, dans un sens, puis dans l’autre.

Ils échangent leur position, se croisent au centre de la pièce, se frôlent sans se toucher.

-Elle : Regarde, un arbre.

-Lui : Oui, c’est un arbre.

-Elle : Je souffle sur ses branches. Regarde, il s’anime.

-Lui : Je le vois.

-Elle : Et ce souffle, d’où me vient-il ? Il me vient de l’idée même de souffle.

-Lui : Le souffle te précède.

-Elle : L’idée de ce souffle, je l’ai créée par ma volonté.

-Lui : Ce souffle était là bien avant nous.

-Elle : Assez. Je dessine une fleur.

-Lui : Nous ne sommes que les passeurs. Nous ne faisons rien, nous ne savons que répéter. Nous transcrivons nos pensées en fait, nos besoins en objets, nos idées en ustensiles, mais terre glaise et pulsatile, nos cellules nous informent : tu es matière.

-Elle : Elle prend vie.

-Lui : La matière crée l’idée.

-Elle : Je souffle sur ses pétales.

-Lui : Antérieur à la matière, ce corps subtil, prédisposition d’intention et de réalisation, qui existe de tout temps et jusqu’à la fin de tout, comme un étalage, une brocante du possible, où piocher ça et là les idées et thèmes récurrents et qui font fonction de condition d’être.

-Elle : Elle s’anime si l’intention est pure.

-Lui : C’est l’irruption de l’irréel dans le réel.

-Elle : C’est croire.

-Lui : C’est le flux, passé par tes doigts, issu de ton esprit, dicté par ta matière, engendré par l’idée, déterminé par l’essence. C’est le dessin qui prend vie, c’est l’intention, c’est sous la peau, lac immobile et sombre, et dessous les courants qui nous disposent. Des paquets d’intention pour en faire des bouquets.

-Elle : Des roses, des roses sur mon pallier.


-Lui : Travailler les peaux côté fleur, au couteau. Dessiner du réel.

-Elle : Quatre roses rouges épanouies, encore humides du matin, tiges coupées très court, un joli bouquet cerclé de fil de fer, c’est là, devant ma porte.

-Lui : Ca n’existe pas, ce n’est pas vrai. C’est vrai, ça existe.

-Elle : Qui va m’arroser ?

-Lui : Me voici tel que je suis.

-Elle : Le voilà tel qu’il est.

-Lui : Deux densités, une membrane, du végétal.

-Elle : C’est un monstre.

Onirique absolu - Tentative d'explication 1


La veille alors que je m’étais endormi : mon esprit me promenait dans des contrées de sable et de cristaux d’argent, dans des dunes qui refluaient par vagues sur des siècles dans des échelles de temps où nous n’étions que des insectes, et qui engouffraient sous leur masse en changeant de forme des dédales d’espace pour en révéler d’autres.
Je me souvenais en rêve de ma rencontre avec les jumeaux primordiaux, mais je ne parvenais pas à déchiffrer de mémoire le sens caché de leur néolangage. C’était une phraséologie complexe et codée en mots courts imprononçables, qui contenaient tout entier des foules de paroles fracassés sans verbe ni complément.
Les jumeaux me parlaient depuis le fonds de ma mémoire, ils exprimaient clairement une pensée, mais aussi toutes les interprétations possibles de cette pensée en une seule locution. L’interprétation juste devait pouvoir anticiper les plus minces variations d’intonation dans leur voix, dans l’expression révélée de leurs visages, de leurs gestes et aussi de leur théâtre sacré. Les informations denses s’ajoutaient les unes aux autres à mesure que se déroulaient leurs verbes étranges et je réalisais que je n’avais plus le souffle ni la force nécessaire pour interpréter la quantité immense des informations qui m’étaient révélées.
Sur cette vague de sable qui se déroulait je cherchais alors déjà à reconstruire de mémoire ces échanges tentaculaires, et je sentais le vent du mouvement, moi immobile, m’accompagner depuis l’antérieur sur ce chemin interne.
Le rêve me construisait des souvenirs. Le rêve me révélait une nouvelle structure mentale. Il inventait pour moi toute une aire passée fictive mais qui semblait alors aussi vraie, aussi chargée, que celle qui me composait dans la réalité. C’était une alternative crédible : inventer des souvenirs était la profondeur du champs.
Se souvenir aussi vraiment de quelque chose qui n’existe pas. Un nouveau magma, onirique et cellulaire. Double capacité par cette faculté là.

Elizabeth de Geoges de Saint Val répond à l'inconnu derrière un masque

Oh je suis alanguie...je suis si remplie, vous avez fait votre affaire et vous aussi vous êtes vidé. Délicatement, doucement, je me décide à mordre dans ce rideau opaque qui s'est solidifié. Je laisserai là la trace de lèvres charnues et les volontés déguisées de ces êtres dont le souffle chaud retentit toute la nuit. Là, tout près de moi, vous riez un peu étrangement dans le sommeil, enfant sifflotant tandis que je passe les doigts sur votre corps lippu. Abandoné, offert, bras en croix. La pluie paranoïaque tombée du ciel agite le navire, le fait tanguer, le secoue et vous échouâtes sur moi, le mât retourné, à titiller la sensibilité dépravée de ces lignes pour enfin que s'installe entre nous le jeu d'impatience, en quelque sorte le jus chargé de pulpe, granuleux, qui trop contrit ne pouvait plus que se répandre. Voilà, c'est fait. On devrait toujours être comme ça. Mais j'ai bien peur que vous n'y trouviez du plaisir, une certaine forme de douleur mal dissimulée et dont vous ne pourriez plus vous passer. Certaines langues amères ont su distiller un goût particulier et éveiller les sens dans des régions que jusqu'ici vous n'imaginiez pas. Las, repassez sur ces terres vierges et retournez en le grain: pétrissez, les mains noires. Et longues.
PS: de petits bouts de peau partout sur le chemin
PS': d'autres petits bouts de chemin partout sur la peau

20090202

Jaime Martinez

Capacité sinusoïde 5

Elle vous parle maintenant de votre propre ADN. C’est une structure aussi sinusoïdale et mêlée, remarque t’elle. L’ADN est infini puisqu’il se transmet. Il s’enroule autour de lui même, et les ponts électrostatiques qui se créent mettent en rapport immédiat des bases protéiques signifiantes, éloignées les unes des autres par tout un processus temporel et évolutif. Tout ceci est encore un mouvement et se recompose et se restructure de façon perpétuelle, par l’énergie, par jeu, par instinct, de mutations en progressions, et ça ne s’arrêtera pas. La vie, le temps : le 8.
La discussion s’étendrait sur la table au dessus débris consignés de vos cendres et d’épluchures de pralines. Les mots couleraient de ses lèvres comme du vin et votre esprit prendrait une autre direction, vers un pantalon rouge, une veste mauve, un nœud dans les cheveux, amples, noirs et ondulés.
Associations libres. Tourner sur ses ancres.
Et peu importe l’heure puisque dans une autre forme possible du récit vous êtes au même instant ailleurs.
Vous sortez alors aussi du café. Vous passez devant la librairie où on vous regarde depuis le fond de l’intérieur.
Vous êtes encore en avance, mais rien ne vous ferait plus attendre.
Vous cherchez le nom au parlophone avec l’index. Vous avez peut être préparé quelque allocution de présentation ou bien vous êtes vous muni d’un bouquet de jonquilles qui fera toujours bon effet. Vous avez le patronyme au bout du doigt. Vous appuyez sur le bouton. Vous sonnez. On vous ouvre.
Mais rien ne s’est passé comme prévu.

Synthésia 3

le verbe est l’immensité
les sons perceptibles sont la manifestation
véhicule à visions
transcendant des choses
par l’intention
et le dire est la totalité du pouvoir
qui perce l’illusion qu’est le sens

et je léchais ses lèvres quand elle articulait.

Elle était la fille de l’instant et j’étais le fils du futur passé.

Synthésia 2

vivre comme un rêve
comme vivre vraiment est l’exemple du sommeil profond
expérience de la félicité
rêve est le plan subtil
sur l’océan du causal
le non agir
existence pure
dissolution métaphysique
dans le flux des choses
dans le courant des choses
voie haute de réalisation vers un état neutre de l’illusion

et je buvais son alcool

Synthésia 1

un est le plus éloigné de l’infini
la cause première n’est pas le nombre sans cela le nombre serait la cause première
autre, l’immensité, le tout cela n’est ni un ni deux
le tout : vivre dans l’immensité non duelle
l’espace et le temps, la pensée les anime
il suffit d’y croire
elle révèle et recrée la matière du monde


et je mangeais mon plat

Capacité sinusoïde 4

Vous vous asseyez cette fois ci sur un fauteuil au velours rouge, en vous frayant un passage entre deux tables mal essuyées. Un chat gris et épais s’approche et vous regarde de ses grands yeux jaunes. Vous lui renvoyez son mystère en docilité dans un plissement de paupières. Satisfait, il prend congé et va s’intéresser maintenant à votre voisine, une jeune femme brune dans l’angle en train de griffonner au milieu d’une pile de papiers, dans le nuage de fumée de ses cigarettes sucrées mais à la suspension amère.
Le matou grimpe sur la table sans s’y reprendre d’un saut agile et réclame alors toute son attention. Elle continue de dessiner sur le papier d’une main fiévreuse, mais de son autre main et sans lever les yeux elle flatte le cou du félin, ses doigts sous l’épaisse fourrure à l’en contenter. Vous vous approchez. Elle dessine sur le papier. Elle dessine des 8. Ils sont couchés sur le côté, toute une série de 8, de taille et d’élongation variables, et c’est bien le signe de l’infini et de sa conjonction qu’elle reproduit encore sous vos yeux, et soudain, elle s’interrompt, change de feuille et se met à accomplir de la mine de son crayon d’étranges sinusoïdes répétées et équivalentes, puis inversées ; elles se coupent en certains points qui se lient en un axe de symétrie concret. Sentant votre regard appuyé, elle se tourne vers vous. Vous rassemblez les signes distinctifs de son visage, pour la cohérence et pour l’image, dans l’atmosphère commune de vos cigarettes respectives. Elle a de beaux yeux sombres, sa peau est blanche, son front est haut et tacheté de brun, un nuage mélanique au ciel de sa pensée.
Ici et là, vous explique t’elle, ces deux courbes ce sont les flèches de l’énergie cinétique et inversement de l’énergie statique, et les aires entre ces flèches et la droite qui relie tous les points de leur intersection sont les surface d’expression de l’énergie sociale et de l’énergie d’introspection.
Vous ne répondez rien.
L’équilibre de ces deux forces se déplace en permanence et de façon équidistante au milieu, milieu qui est là – elle appuie du crayon sur la droite tracée – tout au long d’une vie.
Vous la laissez finir.
Le présent c’est la droite au centre de ces forces d’attraction, c’est l’équilibre éphémère, presque imperceptible.
Et le temps, c’est le chemin perpétuel, c’est la courbe d’elle même, sans début ni fin, c’est le nœud de ses propres flèches, de sinusoïde permanente, et vous êtes ici, à la jonction.

Elizabeth de Geoges de Saint Val répond à un homme masqué aux doigts élégants

Vous me voyez ravie, et un peu nue aussi devant tant d'arborescences. Je suis un petit bout de shiste qui veut se rompre sous le courant. Je suis rhizoméliquement familière de trente et un jeux de plateaux, manières de faire certaines outrecuidances, et délais de l'élaboration à la main, puis de la main à la pensée. Cependant c'est cet attachement aussi qui nous transcende, bref en un mot je n'attends plus que de l'action quand je regarde vos yeux usés par le temps, la gomme et le vent broussailleux que je fais souffler depuis là où vous savez. Je serai ce lichen duveteux qui, friable, glisse entre les doigts quand ils se penchent sur la face nord, sombre, de nos élans, celle qui n'a jamais vu le jour, celle qui brûle aux premiers rayons. Je vous y encourage: hissez! brave moussaillon, voilà le flux apparaître sur son vélo volant. Seule, sur mon île abandonnée, j'attendrai en tremblant et toute écartelée sur le rivage - par le froid de nuits solitaires et la peur de ne plus savoir vous fuir - le retour de cet enchantement des sens qui sait se faire attendre, volutes voulues par qui là bas s'élançait.

PS: je serai la parfaite petite bête en forme de ticket de métro

PS': je prête parfois le flanc: c'est pour montrer les deux côtés

Capacité sinusoïde 3

Vous allumez votre cigarette au comptoir. Vous commandez la même tasse. On vous attrape par la manche.
Vous ne vous retournez pas.
Vous sentez la boucle se répéter.
Mots = passerelle.
Phrases/poutres+chapitres/étages/plateaux=>architecture réciproque.
Métaforme circulaire auto alimentée.
Structuration mentale d’une pensée inconnue.
Vu d’ici : vie autonome comme métastase dans cerveau cible.
Vous reprenez vos esprits.
Un beau geste enfin : on vous caresse le bras.
Le malentendu grandit.
C’est une sphère coextensive et qui finira par englober tout, l’organique et le potentiel, et vous êtes les probabilités de cette sphère.
Vous répétez les mêmes gestes.
Vous mettez la main à la poche et vous payez, puis vous vous dirigez vers la sortie mais vous vous arrêtez avant la porte.
Adam Szrotek

Capacité sinusoïde 2

Vous rentrez dans une librairie ouverte à cette heure matinale à quelques mètres de là. Les rayons sont des empilements verticaux. Impossible de déranger le désordre étudié sans écrouler la structure. Vous ne pouvez pas feuilleter et c’est à peine si vous avez la place de vous déplacer entre les colonnes d’ouvrage. Le plafond est haut et semble calé par les livres. Au fond de la petite pièce exiguë, rehaussé par un promontoire qui lui donne une profondeur de champs que vous n’avez pas, le libraire chausse ses lunettes et consulte ses références comme si vous n’étiez pas là. Votre corps veille à ne rien renverser. L’espace confiné et rempli est une épreuve. Rien ne semble fait pour vous faciliter la tâche. Plutôt que de vous diriger vers le socle de bois pour demander un renseignement ou même pour bavarder un peu histoire de passer le temps, vous préférez tout compte fait faire machine arrière et sortir à reculons. Votre chemin du retour vous le faite à l’aveugle en mettant chacun de vos pas dans le pas précédent, plutôt que de risquer d’être enseveli sous une pile de livres que vous auriez dérangé dans un geste trop brusque en faisant demi tour. Autre solution : il y avait le contournement circulaire en longeant les espaces, mais la durée de ce trajet augmentait les probabilités de tout effondrer.
Encore quelques minutes à attendre. Vous vous décidez à retourner au café où on vous regarde rentrer à nouveau mi suspicieux mi amusé.

Capacité sinusoïde 1

Vous vous présentez à l’entrée. On vous attend. Vous avez été recommandé, et vous êtes habillé en conséquence. Comme vous étiez un peu en avance vous en avez profité pour reconnaître le quartier et les rues alentours. Vous vous êtes arrêté dans un café. Vous avez pris votre petit noir au comptoir, le coude sur les miettes beurrées, écoutant les conversations de voisinage, les yeux curieux sur le zinc à la recherche de trace de graisse digitale fraîchement posée.
Quelqu’un vous prendrait par le coude. On se sera mépris sur votre identité. On vous demandera des comptes sur une soirée dont vous n’auriez plus souvenir. Vous auriez beau, surpris, refuser l’altercation, il faudrait vous justifier quand même d’être présent ici à cet instant là.
Vous payez en hâte : on vous attend ailleurs.
Vous revenez sur vos pas et vous dirigez à nouveau vers l’adresse indiquée. La rue est déserte. L’air et frais. Vous remontez votre col. Encore quelques minutes devant vous.
Jaime Martinez

Relargage/récurrence 2

Certains soirs, le rêve est si prenant et si clair, si palpable et si beau, comme il peut être beau aussi par toute son horreur, qu’il continue à diffuser lentement dans mes veines des jours durant, comme un relargage récurent et lent, et les souvenirs de ces fantasmagories oniriques se mêlent par pics aux évènements issus du réel, et se confrontent et s’entremêlent, pour mieux faire ressortir le goût et les singularités de chacune des parties.
Secrétions messages. Des molécules en flux qui s’affrontent aux récifs du vivant, comme sels oxydants sur les structures carboniques. Analogie mentale contre univers physiques. Un court instant les particules semblent se dissoudre et les barrières voler en éclats, fragments éparpillés en nuages d’amplitudes de réalité. La réverbération en écho de ces petits évènements mentaux est un processus que je n’explique pas, mais saurait on tout expliquer ?

Relargage/récurrence 1

Le secret des mots nous parvient, et l’image grandit. Nous enfilions des perles ce soir là, puis nous marchions lentement sur les bords du lac émeraude, une mer secrète et qui nous semblait ceinte, mais aux profondeurs si terribles que nous ne savions les imaginer sans en trembler de peur. Nous nous blottissions l’un contre l’autre aussi pour ne pas trembler de froid, sans cesser de marcher. Nous ramassions des branches pour construire un abri où nous allonger lorsque la nuit tombait. C’était tout simple. Ce qui passait par vos yeux je le voyais mais au delà…
Lorsque nous nous quittions nous laissions des indices pour pouvoir vite nous retrouver. Etais-tu telle que je te voyais ? Parfois de l’extérieur je t’observais à l’intérieur à travers les branchages, et encore j’échouais à savoir la véritable substance dont tu te composais quand je n’étais pas là.