La veille alors que je m’étais endormi : mon esprit me promenait dans des contrées de sable et de cristaux d’argent, dans des dunes qui refluaient par vagues sur des siècles dans des échelles de temps où nous n’étions que des insectes, et qui engouffraient sous leur masse en changeant de forme des dédales d’espace pour en révéler d’autres.
Je me souvenais en rêve de ma rencontre avec les jumeaux primordiaux, mais je ne parvenais pas à déchiffrer de mémoire le sens caché de leur néolangage. C’était une phraséologie complexe et codée en mots courts imprononçables, qui contenaient tout entier des foules de paroles fracassés sans verbe ni complément.
Les jumeaux me parlaient depuis le fonds de ma mémoire, ils exprimaient clairement une pensée, mais aussi toutes les interprétations possibles de cette pensée en une seule locution. L’interprétation juste devait pouvoir anticiper les plus minces variations d’intonation dans leur voix, dans l’expression révélée de leurs visages, de leurs gestes et aussi de leur théâtre sacré. Les informations denses s’ajoutaient les unes aux autres à mesure que se déroulaient leurs verbes étranges et je réalisais que je n’avais plus le souffle ni la force nécessaire pour interpréter la quantité immense des informations qui m’étaient révélées.
Sur cette vague de sable qui se déroulait je cherchais alors déjà à reconstruire de mémoire ces échanges tentaculaires, et je sentais le vent du mouvement, moi immobile, m’accompagner depuis l’antérieur sur ce chemin interne.
Le rêve me construisait des souvenirs. Le rêve me révélait une nouvelle structure mentale. Il inventait pour moi toute une aire passée fictive mais qui semblait alors aussi vraie, aussi chargée, que celle qui me composait dans la réalité. C’était une alternative crédible : inventer des souvenirs était la profondeur du champs.
Se souvenir aussi vraiment de quelque chose qui n’existe pas. Un nouveau magma, onirique et cellulaire. Double capacité par cette faculté là.
Je me souvenais en rêve de ma rencontre avec les jumeaux primordiaux, mais je ne parvenais pas à déchiffrer de mémoire le sens caché de leur néolangage. C’était une phraséologie complexe et codée en mots courts imprononçables, qui contenaient tout entier des foules de paroles fracassés sans verbe ni complément.
Les jumeaux me parlaient depuis le fonds de ma mémoire, ils exprimaient clairement une pensée, mais aussi toutes les interprétations possibles de cette pensée en une seule locution. L’interprétation juste devait pouvoir anticiper les plus minces variations d’intonation dans leur voix, dans l’expression révélée de leurs visages, de leurs gestes et aussi de leur théâtre sacré. Les informations denses s’ajoutaient les unes aux autres à mesure que se déroulaient leurs verbes étranges et je réalisais que je n’avais plus le souffle ni la force nécessaire pour interpréter la quantité immense des informations qui m’étaient révélées.
Sur cette vague de sable qui se déroulait je cherchais alors déjà à reconstruire de mémoire ces échanges tentaculaires, et je sentais le vent du mouvement, moi immobile, m’accompagner depuis l’antérieur sur ce chemin interne.
Le rêve me construisait des souvenirs. Le rêve me révélait une nouvelle structure mentale. Il inventait pour moi toute une aire passée fictive mais qui semblait alors aussi vraie, aussi chargée, que celle qui me composait dans la réalité. C’était une alternative crédible : inventer des souvenirs était la profondeur du champs.
Se souvenir aussi vraiment de quelque chose qui n’existe pas. Un nouveau magma, onirique et cellulaire. Double capacité par cette faculté là.