20090202

Capacité sinusoïde 4

Vous vous asseyez cette fois ci sur un fauteuil au velours rouge, en vous frayant un passage entre deux tables mal essuyées. Un chat gris et épais s’approche et vous regarde de ses grands yeux jaunes. Vous lui renvoyez son mystère en docilité dans un plissement de paupières. Satisfait, il prend congé et va s’intéresser maintenant à votre voisine, une jeune femme brune dans l’angle en train de griffonner au milieu d’une pile de papiers, dans le nuage de fumée de ses cigarettes sucrées mais à la suspension amère.
Le matou grimpe sur la table sans s’y reprendre d’un saut agile et réclame alors toute son attention. Elle continue de dessiner sur le papier d’une main fiévreuse, mais de son autre main et sans lever les yeux elle flatte le cou du félin, ses doigts sous l’épaisse fourrure à l’en contenter. Vous vous approchez. Elle dessine sur le papier. Elle dessine des 8. Ils sont couchés sur le côté, toute une série de 8, de taille et d’élongation variables, et c’est bien le signe de l’infini et de sa conjonction qu’elle reproduit encore sous vos yeux, et soudain, elle s’interrompt, change de feuille et se met à accomplir de la mine de son crayon d’étranges sinusoïdes répétées et équivalentes, puis inversées ; elles se coupent en certains points qui se lient en un axe de symétrie concret. Sentant votre regard appuyé, elle se tourne vers vous. Vous rassemblez les signes distinctifs de son visage, pour la cohérence et pour l’image, dans l’atmosphère commune de vos cigarettes respectives. Elle a de beaux yeux sombres, sa peau est blanche, son front est haut et tacheté de brun, un nuage mélanique au ciel de sa pensée.
Ici et là, vous explique t’elle, ces deux courbes ce sont les flèches de l’énergie cinétique et inversement de l’énergie statique, et les aires entre ces flèches et la droite qui relie tous les points de leur intersection sont les surface d’expression de l’énergie sociale et de l’énergie d’introspection.
Vous ne répondez rien.
L’équilibre de ces deux forces se déplace en permanence et de façon équidistante au milieu, milieu qui est là – elle appuie du crayon sur la droite tracée – tout au long d’une vie.
Vous la laissez finir.
Le présent c’est la droite au centre de ces forces d’attraction, c’est l’équilibre éphémère, presque imperceptible.
Et le temps, c’est le chemin perpétuel, c’est la courbe d’elle même, sans début ni fin, c’est le nœud de ses propres flèches, de sinusoïde permanente, et vous êtes ici, à la jonction.

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