20090131

Agent du chaos

Ne pas penser surtout ne pas penser. Il n’y a rien là de forcément compréhensible. Rien ici qui ne nécessite donc une explication. La situation est confuse. La seule chose à garder à l’esprit : la mission.
Tout de même, je suis dans le brouillard, je navigue à vue, on me fait faire de ces choses…Bientôt un an que je ne vois pas le jour, à confondre les heures, perdu dans mes réflexions, à chercher le silence. L’esprit clair. Concentré. Tendu tout entier vers un but, oui mais désormais lequel ?
Les choses changent. Tout change. Mes molécules changent. Suis-je encore le même ? Qui suis-je ? Ai-je seulement la faculté de savoir ?
Cette pièce est mon univers. C’est mon espace mental. Je n’ai plus de corps. Je n’ai plus de nom. Je n’ai plus de passé. L’avenir ?
Je me souviens pourtant, j’ai des souvenirs en bribes, des flux de pensée, des bouffées d’avant. Je me souviens quand nous étions gamins, nos jeux innocents, les paroles qu’on disait trop vite, rien n’aurait jamais d’importance, nous étions légers, gais, libres…
Dans cinq mille ans nous n’existerons plus mais tout ce que nous faisons ici existera encore. Tout ce que nous faisons est important. Nous ne sommes qu’un medium.
Nous n’avons pas d’existence propre. Ce corps est mon corps et il dépérit et il se meurt.
Ces atomes sont mes atomes sont les atomes. Ils ne m’appartiennent pas. Ils sont organisés dans un espace complexe, ils se recyclent l’un l’autre, ils s’échangent des particules qui agitent le tout, ils provoquent de nouvelles rencontres.
La seule chose qui existe c’est le chaos. Et nous sommes les agents de ce chaos. Nous perpétuons le mouvement, à droite, à gauche. Nous créons le temps, ce qui découle de ces échauffements, matière contre matière, positions, coordonnées, dans un univers en mouvement, plaqués au sol par la gravité, projetés les uns vers les autres par la force du désordre obligatoire, les lois du magnétisme et une certaine poésie de l’absurde.
Qu’est-ce qui va bien pouvoir sortir de tout ça ?
Un souvenir encore. Dans un jardin, il lui prend la main. La petite fille est timide, les cheveux blonds bouclés. Ils échangent un baiser tendre, lent, chaste. Puis soudain elle le gifle. Tu ne m’oublieras jamais elle dit.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire